C'est une vie, c'est une fille, c'est 20 ans qu'elle a...
...se promenant sur la seine, Région parisienne, elle se place sur ce petit bout de chemin, les questions dans sa tête, elle a besoin de respirer. Elle s'assoit, regarde en face d'elle, elle aperçoit un bateau. Des gens qui dansent à l'intérieur, c'est le soir, c'est la musique qui les pénètre, c'est l'envie de rire et de ne plus penser qui les animent. Elle aurait aimer être comme ça, ce soir, mais ces questions lui font si mal. Elle est obligée de les décortiquer, de les comprendre, de tenter d'y répondre.
L'air est doux, l'été se sent, le soleil se couche, la nuit prend place, doucement. Elle allume une clope, et commence.
La première question qu'elle réussit à saisir traite de l'amour. "Pourquoi j'aimerais, moi ? On ne m'a jamais aimé, pas celles que j'aurais voulu qui m'aiment. Ma vie doit-elle passer par ce chemin qu'on appelle l'Amour. Il y a deux ans, j'ai décidé que non. Aujourd'hui, face à moi-même, face à celles qui me l'ont reproché, face à ma famille qui ne comprend pas ma vie et ma façon de la vivre, j'ai comme ce devoir de devoir rendre des comptes. Pourquoi j'aimerais ?....Pourquoi ?" Elle n'en sait rien, c'est peut-être un sujet qui n'a pas de réponse, jamais, ni quand on aime, pourquoi, on ne sait pas, ni quand on y pense, pourquoi, on ne sait pas pourquoi on devrait aimer. Elle non plus ne sait pas, elle préfère ne pas savoir...au moins, dans le sexe, se dit-elle, "tout est clair, tout est net". On le fait, on s'en va, on n'attend rien, on passe à autre chose. C'est si simple. Pourquoi faire compliquer ?
Elle se dit que, de toute façon, cette question ne rime à rien, puisqu'il n'y a pas de réponse et que son choix est fait.
La seconde question...la seconde réflexion plutôt traite de sa famille. Ou de celle qui l'a mise au monde. Celle qu'on appellerait, dans un monde ordinaire, mère. Elle n'appelle plus sa mère, "maman". Ce mot, effacé de son vocabulaire, car rien n'existe dans sa vie qui pourrait s'attacher à la description de ce mot. Non, rien. Celle qui l'a fait souffrir ne peut pas s'appeler "maman". Celle qui l'a fait pleurer, tant de fois, ne peut pas s'appeler "maman". Celle pour qui elle a voulu mourir ne peut pas s'appeler "maman". Celle pour qui elle s'est empoisonnée pendant une si longue durée ne peut pas s'appeler "maman". Celle qui n'a jamais été là pour la prendre dans ses bras dans les moments où elle en avait le plus besoin ne peut pas s'appeler "maman".
En fin de compte, la réponse qu'elle trouve à cette réflexion est la même que la conclusion qu'elle avait retenue, depuis sa vie parisienne. Elle ne reverra plus jamais celle qui ne peut s'appeler maman.
Elle lève ses yeux, qu'elle avait plongés pendant un petit laps de temps dans l'eau, et regarde ce bateau. Elle regarde ces gens dansés, elle se dit qu'elle aurait bien envie de s'amuser. Les questions ne sont plus là, les réponses sont toujours les mêmes, et pourtant elle a avancé. Elle n'est plus triste.
Elle se relève, la nuit est tombée, elle recouvre le ciel. Elle reprend sa route, le long de ce petit bout de chemin, le long de cette seine parisienne.
Elle s'amusera toute la nuit, avec les inconnus du bateau. Elle en fait de nouveau partie. Elle se dit que peut-être une autre jeune fille, un autre jeune homme, viendra aussi, en face du bateau des inconnus dansants, se poser toutes ses questions...et peut-être qu'elle ou il les rejoindra aussi.